« L'ESCALIER DE BRIGNOLES »
A
Brignoles, Meynard va décliner le mythe de Babel, sur lequel il travaille plusieurs années, en créant une Demeure Fractale très particulière, centrée sur le grand escalier de 20 mètres de hauteur qui domine l'espace intérieur du Pôle Culturel.
De cet escalier de béton, qui gêne la plupart des expositions, il va faire un espace majeur ; sa géométrie fractale rompant les perspectives et démultipliant les lignes d'horizon, l'escalier va s'affranchir du « haut » et du « bas » pour devenir une spirale gravit interminablement par une silhouette humaine.
En tant qu'escalier sans fin, l'Escalier de Meynard rappelle celui d'Escher (Escher a travaillé sur la géométrie de l'infini avec des principes fractals avant la lettre) mais la différence de vision entre les deux artistes reste fondamentale.
L'Escalier d'Escher est une architecture du piège : c'est un escalier qui monte en descendant et descend en montant et ceci indéfiniment, si bien que l'homme qui s'y engage ne peut s'en échapper.
Chez Meynard, l'homme apparaît également dans la montée et la descente d'un escalier sans fin mais comme une figure portée, décuplée, transcendée par tous les réseaux et perspectives qui, à la fois, l'entourent et le configurent - y compris les réseaux de l'escalier.
L'homme et l'escalier deviennent ainsi ont deux figures inter-dépendantes, consubstantielles, qui partagent le même territoire, la même verticalité et si cet escalier de Babel symbolise la montée, ce sont les hommes qui sont en état d'ascension.
À partir d'une architecture utilitaire en béton, la métamorphose fractale permet d'appréhender in vivo, sur 20 mètres de hauteur, une ascension où la complexité bouscule les repères et crée un « visuel » du vertige.
Pour garder mémoire de cette Demeure Fractale, Gilles Bastianelli a réalisé un film conçu comme une sorte de manifeste fractal : Meynard s'y exprime sur son art et sa vision du réel.