Métamorphose et infini
Pour Jean-Claude Meynard, le point capital du XXe siècle est l’intégration de la vitesse, du temps, de l’espace-temps, donc du mouvement et de la vie. Son travail met en scène des phénomènes de passage, de métamorphose, d’infini.
L’apparence de ces créations générées par un ordinateur est de l’ordre du chaos, de la saturation du visuel, cherchant à déstabiliser le spectateur perdu dans les détails. Toute représentation est une somme d’informations qu’il faut décoder et interpréter. Mais l’œil contemporain est habitué à ces visions simultanées, pratiques courantes de l’audiovisuel, et il s’efforce d’organiser ce chaos, de lui donner un sens. Il y trouve alors une forme de base qui se démultiplie à l’infini et l’entraîne dans son mouvement. À travers ce jeu, le spectateur, d’abord inquiet de cette mobilité, entre dans l’image, devient créateur. La composition est, en effet, une volonté de mettre de l’ordre dans le chaos.
Le chemin initiatique de l’intelligence est de mémoriser de nouveaux codes. Ce va-et-vient entre l’image de base et le tableau entier, entre l’élément et le tout, permet d’entrevoir la dimension fractale, le mouvement dans un réseau où tout est lié. C’est aussi le passage incessant d’un plan à un autre, Jean-Claude Meynard jouant avec les échelles et les surfaces multiples, les transparences du plexiglas, les jeux de miroir, rompant avec la perspective classique et la géométrie euclidienne. Dans une œuvre fractale, il n’y a pas de premier et de second plan, c’est au spectateur de choisir ; une figure est toujours en devenir. Cette nouvelle perspective, non linéaire, proche du réseau Internet, dans laquelle le temps est au cœur de l’œuvre, indique que la représentation des choses ne se limite pas à leur contour, mais s’étend à leur rapport avec leur environnement le plus lointain comme avec leurs composants les plus infimes.
Jean-Paul Bath - 2001
Catalogue Joint Venture AT. Kearney, Paris
For Jean-Claude Meynard, the capital achievement of the 20th century is the integration of speed, time and space-time, in movement and in life. His work dramatizes phenomena of transience, metamorphosis, and infinity.
These computer-generated creations appear to order chaos and saturate the visual, seeking to destabilize the spectator lost in the details.
Every representation is the sum of information that must be decoded and interpreted.
Since the contemporary eye is accustomed to these simultaneous visions, a common audiovisual practice, it strives to organize this chaos and give it meaning.
It thus finds a basic form that is infinitely multiplied and brings it into its own movement. Through this interplay, the spectator, at first uneasy in this mobility, enters into the image and becomes a creator. The composition is indeed a will to order the chaos. Intelligence follows an initiation path by memorizing new codes. This to-and-fro between the basic image and the entire painting, between the element and the whole, allows one to perceive the fractal dimension, the movement in a network where everything is connected. Constantly moving between one plane and another, Jean-Claude Meynard plays with scale and multiple surfaces, the transparencies of plexiglass and mirror images, breaking away from classical perspective and Euclidean geometry. In a fractal work, there is no foreground or background, the spectator has to choose; a figure is always in the process of becoming. This new non-linear perspective is akin to the Internet network in that time is at the heart of the work, indicating that the representation of things is not limited to their contours, but extends both to their relationship with their most distant environment and to their most minute components.