L’Hyperréalisme
D
ès le début de son parcours, à 22 ans, Meynard aborde la complexité du réel par sa figuration la plus exhaustive : l’hyperréalisme. Ses toiles, qui représentent des scènes emblématiques de la société de ces années-là, les cinémas de quartier, les bars, les flippers, les kiosques à journaux, ne sont pas des constats photographiques mais un travail pictural consistant à représenter le réel avec une surabondance d’éléments visuels telle que notre perception s’en trouve à la fois comblée et surprise.
En fait Meynard ne reproduit pas la réalité mais organise « un effet de réalité ».
Pour obtenir cet effet de réalité, quittant le monde euclidien, il crée une composition dépourvue de hiérarchie et de centre focal ; les détails les plus infimes sont figurés au même niveau de réalité, et le près et le loin ont la même focale. Le regard du spectateur peut alors saisir au même instant, l’ensemble et le détail, le macro et le micro, le premier et le dernier plan, une vision totale, mais une vision fausse.
L’œuvre majeure de cette série est la toile « Hyper Street »* qui, sur 7 mètres de long, représente une rue de Paris.
A travers cette vision urbaine, Meynard nous montre la société de consommation, avec tous ses emblèmes, ses biens, ses médias, ses objets de désir, surmultipliés et ostentatoires - une société toute en images et spectacles - où l’homme devient image lui aussi, ni plus vivant, ni plus réel que toutes les autres pièces du puzzle avec lesquelles il partage le même degré d’existence.
C’est désormais ce « degré » d’existence de l’homme que la peinture de Meynard va questionner.
Questionnement ontologique : l’hyperréalisme renvoyait l’homme à sa surface, les futures séries de Meynard brouilleront l’image...